Conclusion
La dictature, fatalité africaine ?
La carte politique actuelle et le traitement médiatique dont "bénéficie" le continent pourraient le faire croire. Mais si l'afropessimisme se conjugue souvent à une forme de fatalisme méprisant, l'espoir porté par les sociétés civiles africaines est bien réel. Depuis une quinzaine d'années, la démocratie est véritablement en marche en Afrique.
Dans certains pays en effet l'État colonial ou néocolonial a pu évoluer vers une forme " moderne ", avec un certain degré d'institutionnalisation de l'État de droit. C'est le cas au Mali, au Niger ou au Sénégal pour l'Afrique francophone mais aussi celui de l'Afrique du Sud post-apartheid ou du Ghana, en Afrique anglophone, parfois à l'issue de ruptures brutales avec le modèle post-colonial.
Dans beaucoup de pays, les populations civiles ont prouvé par leur mobilisation qu'elles aspiraient à des élections libres et incontestables, pouvant déboucher sur de véritables alternances démocratiques. L'espoir suscité par les conférences nationales souveraines des années 90 n'a pas disparu. Parmi les syndicalistes, journalistes indépendants, associations citoyennes, ONG, artistes africains, on trouve un nombre important d'authentiques démocrates prêts à lutter pour leurs idéaux, parfois au péril de leur vie.
La dictature n'est donc pas une fatalité africaine mais bien le fruit d'un processus historique qui a pu être rompu grâce à la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs. La pression des sociétés civiles des pays du Nord sur leurs gouvernements pour les convaincre de soutenir les peuples plutôt que leurs
dictateurs est un de ces facteurs.
Évènements en Tunisie
Avant les événements ayant conduit à sa chute, Zine el-Abidine Ben Ali a été « président de la République » pendant 23 ans. Entre guillemets, car c’était un bon vieux dictateur des chaumières : opposants politiques torturés, liberté de la presse rangée au fond des chaussettes, et racket de tous les commerces par la famille de sa femme, les Trabelsi. Entre autres. Et donc, malgré la relative « bonne santé » économique tunisienne – vu de l’extérieur -, la réalité était toute autre : une bonne partie de la « classe moyenne », éduquée, était pourtant obligée de vivre de petits jobs. À la corruption des dirigeants s’ajoute de fortes inégalités régionales… Voilà vite fait pour le contexte.
Les « événements » commencent le 17 décembre dernier, quand Mohamed Bouazizi s’imole par le feu. C’était un vendeur de fruits et légumes à la sauvette non autorisé, qui s’était fait confisquer son stock, puis malmener brutalement par la police quand il était venu demander une autorisation d’exercer son job et une restitution de son stock. Ce suicide – Bouazizi meurt début janvier de ses blessures – suscite une grande émotion, principalement dans la classe moyenne dont nous parlions plus haut. Cette émotion tourne à la colère ; colère contre la corruption du régime et contre les inégalités régionales, facteurs auxquels s’ajoutent dans la jeune génération de tunisiens des aspirations de liberté. Des manifestations éclatent. Comme dans toute bonne dictature qui se respecte, la répression est dure. Les leaders de la « rébellion » s’organisent et informent l’extérieur via Facebook, Gmail, twitter… Ce qui conduit à des blocages de certains sites, ainsi qu’à un phishing des trois sites cités (et peut-être d’autres) par le gouvernement tunisien.
« Phishing ? C’quoi ça ? » Le phishing, c’est le fait de créer un site ressemblant comme deux gouttes d’eau à un autre – disons, Gmail – pour que les gens croient être sur l’original et y rentrent leur login et leur mot de passe. Ainsi, les gens derrière la copie récupèrent ces informations et peuvent espionner ou détourner les comptes des victimes. Naturellement, ces actes ont rapidement été repérés par des tunisiens ayant des compétences en informatique, ainsi que par les sites concernés, qui ont mis en oeuvre quelques mesures pour renforcer leur sécurité au profit des tunisiens.
Pendant ce temps, dans le monde réel, la police tire à balles réelles sur les manifestants. Des grèves ont lieu partout dans le pays, et la répression de plus en plus dure ne suffit pas à mater le mouvement. C’est à ce moment là, avec plusieurs dizaines de morts à déplorer, que la France propose l’aide de la police française au régime tunisien, pendant que le reste des pays occidentaux condamnent mollement les violences et appellent au calme. Les pays occidentaux ayant soutenu Ben Ali pendant ses 23 ans de dictature au nom d’une realpolitik hypocrite, ils allaient pas condamner ses massacres maintenant !
L’armée tunisienne est mobilisée, mais Ben Ali ne lui ayant jamais vraiment fait confiance, elle est sous-équipée et sous-entraînée, et elle ne prend aucune mesure contre les manifestants. Dans les coulisses, les militaires poussent Ben Ali au départ. Ce dernier tente un discours d’apaisement des foules, promettant de créer 300 000 emplois dans les mois à venir. Cela ne suffit pas : peu de temps après, les journalistes et techniciens de la chaîne de propagande gouvernementale se rebellent et diffusent des appels à la révolte. Le même jour, Ben Ali et sa famille fuient en avion vers Paris, où apparemment la famille de Ben Ali débarque, mais pas Ben Ali lui-même, qui s’envole de nouveau, direction l’Arabie Saoudite cette fois. C’était vraiment émouvant de vivre tout ça en direct sur twitter, au rythme des infos venant de Tunisiens.
Depuis, un nouveau gouvernement a été formé, mais le peuple tunisien réclame toujours le départ de tous les anciens membres du parti de Ben Ali. Organiser des élections maintenant ne ferait que signer le retour des anciens amis de Ben Ali, vu l’absence de structure démocratique – pas de partis, etc. Mais les tunisiens ne se laissent pas faire, les ministres venant de ce qui est maintenant l’ancien régime sont contraints à la démission un par un.
Évènements en Égypte
La révolution égyptienne de 2011 est une série d'évènements (manifestations, grèves, occupation de l'espace public, destruction de bâtiments et symboles du pouvoir, affrontements avec les forces de l'ordre) ayant abouti à la démission du président Hosni Moubarak.
Ils se sont déroulés en Égypte, principalement au Caire et dans les grandes villes du pays, du 25 janvier 2011 au 11 février 2011. Tout comme la révolution tunisienne, la révolution égyptienne s'est déclenchée en réponse aux abus des forces de police égyptiennes, à la corruption, mais aussi à l'état d'urgence permanent et à ses procédures expéditives. Le chômage, le manque de logements, l'augmentation des prix des biens de première nécessité et le manque de liberté d'expression sont également des causes importantes des manifestations. L'objectif principal des manifestants est d'obtenir un changement de régime, qui passerait par la démission du président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis le 14 octobre 1981, et une répartition plus juste des richesses. Réunissant des manifestants de divers milieux socio-économiques, c'est la plus grande protestation populaire qu'ait connu l'Égypte depuis 1977. Le mouvement aboutit le 11 février 2011 au transfert du pouvoir à l'armée tandis que le président Moubarak se retire dans sa résidence de Charm el-Cheikh.
Alors que la transition politique semble se mettre en place, les mouvements sociaux prennent le relais de la contestation politique, à la fois sur le mode de la contestation de hiérarchies corrompues et de revendications sociales : conditions de travail, salaires, protection sociale.
En Afrique, la démocratie est en marche, ne l'entravons pas!
Sources :
Livres :
"Nous avons le plaisir de vous informer que, demain, nous serons tués avec nos familles" de Philip Gourevitch.
Jean Hatzfeld : "Dans le nu de la vie", "Une saison de machettes", "La stratégie
des antilopes"
Dictionnaires : Dictionnaire encyclopédique Focus, le petit Robert illustré
Manuels : manuel d'histoire de 1ère et Terminale
États du monde
Films :
"MOBUTU, ROI DU ZAÏRE" Thierry Michel
"Hôtel Rwanda" Terry George
Sites internet :
Wikipédia
www.etatdumonde.com
www.dictateurs.com
http://blaisap.typepad.fr/
www.charliehebdo.fr/
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